Lorsque j’étais enfant, j’aimais bien m’étendre dans l’herbe, contempler le ciel et attendre pour assister, sous l’emprise d’Éole, aux mariages et divorces successifs des nuages, en espérant toujours qu’un profil connu accouche de ces incessantes fusions. Une tête de lion, une licorne, un palmier…? Parfois, influencées par des masses d’air déchaînées, les formes dévoilées laissaient place à d’autres à une vitesse impressionnante et j’avais à peine le temps de me retourner pour dire « T’as vu? » en le montrant du doigt que déjà la mosaïque de Dame nature s’était distendue, déformée comme … évaporée!
Que ce soit pour admirer l’éphémère ou le plus durable, j’ai donc toujours aimé fréquenter le grand musée de la Nature.
Pensez-donc! Il est ouvert 24h/24h, l’espace est sans frontière, les expos sont permanentes, le programme est un puits sans fond et l’entrée est gratuite pour les amoureux de la patronne!
Alors, depuis 35 ans que je promène mes mouches au bord de l’eau, j’ai pu voir un sacré paquet d’œuvres exposées.
J’aime beaucoup l’atelier « Sculpture » … sur bois. Ce n’est pas étonnant, avec les splendides forêts présentes sur notre territoire, que la matière première ne manque pas!
Le chêne, le frêne, le buis, le saule, l’aulne, l’orme sont autant de possibilités et de supports potentiels façonnés par les ciseaux de la Nature … le vent, l’eau, la foudre, le sable mais aussi par les castors, les insectes ! Il suffit que le végétal commence à mordre le sol pour que le travail de l’artiste puisse commencer!
A y regarder de plus près, il y a autant d’instruments disponibles dans sa boîte à outils que dans celle du ciseleur bipède!
Le vent, la foudre et … les castors pour enlever le gros de la matière comme sa « massette » et ses « gouges ».
Le sable pour donner un aspect granité comme le « sabloir » d’ailleurs et puis le sable encore qui sur une utilisation prolongée remplace à merveille le papier de verre ou le « rifloir » pour les finitions!
Évidemment l’eau dans tous ses états qui s’occupe de la patine et du rendu, comme le ferait la cire.
Certains insectes perceurs comme les abeilles charpentières font un bricolage remarquable en perçant des trous de 8 mm comme le ferait un foret du même diamètre!
D’autres, xylophages, « travaillent » le bois et y creusent des galeries aux formes courbes comme pourrait le faire notre artiste sculpteur avec des « Wastringues »…
Bien sûr, avec un tel talent, les carnets de commandes sont pleins mais les délais sont longs … très très longs!
Que de découvertes faisons-nous en fouinant dans l’atelier de sculpture!
On y trouve également quelques photos exposées sur ses murs. Allons y jeter un œil. Suivons le guide!
Bien entendu, vous n’êtes pas obligés d’être de l’avis du gardien et avez le droit de voir dans ces créations une toute autre issue.
« Ci-dessous une tête de dinosaure en cours de réalisation …
Sont-ce des escargots que Dame Nature souhaite faire sortir lentement de ce tronc à terme?
Ou simplement l’ombre d’une chauve-souris?
Peut-être la bouche d’un mutant qui appelle au secours …
Le profil de la voiture de demain en cours d’oxydation…?
Assurément le Maître a voulu représenter le dos d’une danseuse de tango … ici au terme de la patine!
Une attaque de vipère … en plein hiver.
De ce côté ci, une bête à cornes finalisée, et qui ne laisse aucun doute!
Et pour finir, un chef d’œuvre datant de l’an 1000 après JC, le casque d’une armure ayant appartenu au premier Samouraï!
Pour vos futures visites au grand musée de la Nature, je crois que vous avez ou aurez certainement le recul nécessaire pour détecter de vrais talents, de réelles œuvres d’art. Bonnes visites.
Einfach super! Große Klasse!
Catherine