Dans la foulée de mon escapade à Epinal, le week-end dernier, j’ai enchaîné le Fishing Show près de Paris! Il fallait être un peu « Zinzin » pour cumuler les montages/démontages du stand, les kilomètres, la gestion des commandes en parallèle sur le site, le montage de certains modèles entre deux journées de salon, l’accueil des clients et prospects sur le stand « All day Long »…Mais la passion a guidé mes pas…!
Petite rétrospective chronométrée pour mieux comprendre la vie d’un Artisan Français…fier de l’être!
Vendredi 3h30 du matin : La voiture est bondée et je pars de la maison…sous la neige! Même pas mal!
9h30: Arrivée à Morigny (et oui, je refuse l’autoroute!) en même temps que Sébastien Cabane et Stéphane Faudon de la Compagnie des guides de Lozère.
12h00: Le stand est enfin installé! J’ai mouillé le maillot. Cinquante exposants dans cette halle-ci et une porte de 1m de large pour accéder aux voitures…
13h00: Gong d’ouverture de notre animateur vedette.
14h: Conversation à « scions rompus » avec mon voisin de palier Michel SANDON, fabriquant des soies des sources de Lozère.
14h15 Je reconnais certains clients et leur explique les quelques nouveautés.
15h: Les ventes sont déjà bien engagées. Je redouble d’énergie pour distribuer mes cartes de visites aux têtes de pêcheurs inconnus
16h: La sono est trop forte et nous casse un peu les oreilles…ce n’est que le début!
17h: Je n’ai déjà plus de mouche à Brochets…Heureusement j’avais prévu le coup…mon étau m’attend sur mon lieu d’hébergement!
18h: Quelques jeunes pêcheurs se hissent sur la pointe des pieds pour coller le nez sur mes vitrines et pouvoir observer mes modèles. Leurs yeux brillent…c’est rassurant pour l’avenir de la pêche.
18h30: Une cliente du salon d’Epinal, rencontrée la semaine dernière vient acheter des mouches pour un de ses amis qui a trouvé ses précédentes acquisitions magnifiques… Le bouche à oreille fonctionne. Mes clients sont mes meilleurs vecteurs de communication. Qu’ils en soient remerciés.
18h50: Les points lumineux de certains stands baissent en intensité. Quelques exposants n’ont pas la banane mais des éclats de voix du côté du stand des champagnes et spiritueux m’indiquent que d’autres ont choisi de rester positif et de trinquer coûte que coûte!
19h15: Mes mouches sont sous les verrous et je file au plus vite m’atteler à 3 heures de montage afin de faire remonter le niveau de mes boîtes contenant les streamers à Brochets.
23h: Une quinzaine de paires d’yeux est alignée sur mon plan de travail. Espérons que cela suffira!
Samedi 7h00: Pris de remords j’abrège mon petit déjeuner pour me remettre à l’étau et faire naître quelques modèles supplémentaires…
9h: J’ouvre les volets sur mon stand. Je vérifie l’état du cheptel…personne n’a travaillé pour moi cette nuit!
9h45: J’achète en « quatrième vitesse » quelques matériaux manquants.
10h: C’est l’ouverture et les exposants sont prêts à en découdre!
11h: C’est encore assez calme.
12h: Comme convenu, je vois arriver sur le stand des clients fidèles m’ayant fait préparer leurs commandes de longue date. Ils sont ainsi certains de trouver ce qu’ils souhaitent sans craindre la rupture de stock! La prévoyance et l’anticipation sont mères de sureté…
14h: Les pêcheurs sont sortis de table… il y a déjà un peu plus de flux. Mon tas de cartes de visite diminue!
14h30: Un client me raconte son périple loin des Terres Françaises: La nature encore presque intacte, des poissons de partout, des hommes qui ont compris que l’on ne pouvait pas vivre en marge de la Nature…mes mouches dans ses valises…Chouette. Que du bonheur.
15h: Cela fait déjà un moment que les boîtes des mouches pour le Brochet sont encore vides! C’est pas possible! Il va falloir que je me remette à l’étau ce soir.
16h: De nombreux curieux « non-pêcheurs » stationnent devant les vitrines « De plumes et d’acier » et je ne rate jamais une occasion pour faire partager ma passion. Informer c’est déjà former et l’éducation est la base de l’épanouissement, de l’émerveillement. S’émerveiller c’est respecter… et la boucle est bouclée.
17h: Je fais la connaissance de Jean-François LAVAL éleveur de coqs limousins. Passionné, rigoureux…je crois que je vais travailler avec ses produits. Une petite série de mouches pour eaux vives me trotte dans la tête depuis un temps certain ! A suivre…
17h45: Les jambes sont lourdes. Mais le cœur y est encore! J’attrape un dernier passant. Je mets toute ma patience et ma passion à lui expliquer mon choix professionnel. Je lui explique comment je travaille, dans quel esprit je monte mes modèles et avec quelle philosophie je les utilise sur l’eau. Il est conquis, m’achète une boîte et il ne le regrettera pas…
Mes mouches ont le gout de la sueur de mon front…c’est peut-être cela qui plaît aux poissons.
18h30: Je suis à l’étau et les mouches à Brochets s’assemblent lentement mais sûrement sur l’outil. Le bucktail, l’Angel Hair, le yack avec rigueur et régularité, à nouveau l’Angel Hair, les lancettes de coq Grizzly puis le renard, le casque, les yeux,un peu de vernis et séchage tête en bas…Bienvenue sur la Terre! J’accouche tour à tour sans l’aide de personne et dans le calme absolu de ma chambre transformée pour l’occasion en atelier de montage.
23h00: Extinction des feux.
Dimanche 7h00 Je démonte l’atelier éphémère et remballe toutes mes affaires. La journée s’annonce très très longue.
9h: C’est toujours la même routine. On ne change pas une équipe qui gagne!
10h: Les concurrents pour le championnat de France de montage de mouche passent devant mon stand. Certains modèles les interpellent…peut-être retiendront-ils les idées pour leurs futures productions. Je n’ai jamais compris pourquoi l’Homme avait toujours besoin de se hiérarchiser et d’organiser des concours en tous genres! Cela me laisse perplexe et dubitatif. Je balaie encore une fois du regard mes créations rangées dans leur meuble de présentation en pensant que celles-ci ne seront jugées que par les poissons… Je suis rassuré!
12h: C’est calme mais l’énergie que je dépense sans compter avec les visiteurs me permet de sortir mon épingle du jeu.
13h: Une brigade de la Police Nationale en patrouille sur le salon et armée jusqu’aux dents glisse un regard sur mes modèles. Cette fois c’est moi qui les interpelle…Ils repartent avec ma carte de visite et ravis de voir qu’un stéphanois agite avec ferveur le drapeau du « Made in France ».
14h: Un exposant voisin, coutelier (CULIN’ART Mr VINOT) succombe à mes modèles. Il va les faire découvrir à ses copains pêcheurs. Chouette. Il en profite pour me faire découvrir ses créations. Magnifique couteaux avec une finition résinée du plus bel effet et on ne peut plus originale: Chaque manche est réalisé avec comme fond, une partie de photo d’un poisson qu’il a pris à la mouche! Il fallait y penser.
16h30: Le résultat du concours de montage est tombé! Le podium est installé et la Marseillaise résonne dans la grande halle…mes mouches frétillent dans leurs box! Les mouches des concurrents n’ont pas la même réaction…C’est curieux, mais moi je sais pourquoi!
17h L’animateur sonne le glas. Le cliquetis des clefs et le bruit des visseuses/dévisseuses retentissent. Les calicots sont à terre et les exposants éreintés.
18h: Le démontage se poursuit. Marée descendante pour les exposants qui repassent par la porte étroite dans l’autre sens. Comme d’habitude avec une totale absence de bon sens et deux camionnettes…la sortie est bouchée! Ce que l’Homme peut-être con!
20h: Des idées plein la tête pour de futurs modèles, des boîtes vides à recharger rapidement, les kilomètres de macadam défilent sous mes roues. J’écoute un bel opéra de Verdi sur France Musique, « Attila ». Que c’est beau. Je ne vois pas les heures passées.
0h50: A 2km de la maison, je me fais une frayeur pas possible avec un troupeau de sangliers sur la route et sous la neige battante. Il est temps que je gare la voiture!