Malgré la température de l’eau trop élevée pour ce mois de septembre j’ai voulu aller voir ce qui se passait en altitude.
Arrivé sur place au lever du jour, j’ai assisté au réveil des truites. Quelques gobages éparses crevaient la surface juste sous le voile de la brume de chaleur qui glissait sur les eaux du lac.
En attendant l’ouverture de l’auberge pour m’acquitter de mon droit de pêche, j’ai pratiqué un petit bout de bordure en crocs et en chaussettes … So British!
Juste le temps pour moi de ferrer trop tôt sur le museau d’une belle qui farfouillait sous les branches basses d’un arbre! La journée commence bien. Levé à 5h00, J’étais pourtant réveillé avant elle!
Une fois le gong sonné j’ai sauté dans mon embarcation pour faire un tour d’honneur du réservoir (45 hectares tout de même!) en tapant les bordures avec une sauterelle mais rien, mis à part quelques chevesnes qui ont sauté dessus … calme plat. Un tour d’honneur pour si peu de spectateurs, c’est dur: (Frustration n°1)
Le soleil est apparu plus précisément dans le ciel au dessus des sapins et les gobages se sont tus. La surface du plan d’eau de marbre jusqu’à présent s’est ridée. J’ai décidé, en l’absence d’activité de pêcher avec un tandem bien connu: DDLL en potence et deux Black Pennel en dessous. Le tricotage très lent de la main gauche a eu raison des premières arcs qui vadrouillaient près du bord et, presque à vue, ce qui ne gâte rien!
Le DDLL qui avait du mal à supporter les deux Black Pennel passait la moitié du temps sous la surface mais prenait plus de poissons une fois immergé!
Cinq poissons ont succombé à cette technique de pêche à la mouche et puis le calme est revenu.
S’en est suivi une longue séquence de « palmes » pour trouver des truites en action, mais rien ne s’est passé jusqu’en milieu d’après midi! Sandwich englouti sur l’eau en pleine action propulsive … (Frustration n°2)
J’ai pu constater la présence de quelques fourmis sur l’eau! Changement de bas de ligne et montage alternatif de la fourmi ailée (type spent) sur les parties calmes sans vent et de la fourmi volante possédant un parachute sur les rides du lac.
Globalement le modèle flottant bas dans la pellicule a eu plus de succès… mais un succès réservé tout de même! Quelques ratés, trois arcs pris avec le spent de fourmi et 1 poisson conquis par le parachute. C’est pas grand chose mais c’est déjà ça!
Plus la journée avançait et plus les fourmis étaient nombreuses sur le lac. On aurait dit des petits flocons de neige qui venaient s’écraser délicatement sur l’eau … jusqu’à saupoudrer l’interface et jusqu’à ce que je ne puisse plus localiser mon artificielle! (Les petits points blancs à gauche sur la photo, dans les rayons du soleil!)
Moi qui marmonnais précédemment en disant qu’il n’y avait pas beaucoup d’insectes en présence… Le ciel m’en a envoyé quelques seaux, mais a tué la partie de pêche! (Frustration n°3)
Maintenant, seul au milieu du lac, j’ai attendu que le soleil repasse derrière les pointes de sapin pour assister au spectacle. Des milliers de gobages sont apparus sur les 45 hectares du lac, mais très peu de truites en action. (Frustration n° 4)
La totalité de la population des poissons « blancs » s’était donnée rendez-vous pour le banquet. Je ne savais pas que le lac recelait une telle population de cyprinidés!
Mais là aussi, il fallait être pointu pour réussir à berner les chevesnes en activité. Pas question de poser sa mouche n’importe où et d’attendre un gobage!
J’ai passé au moins une heure à les pêcher en essayant de m’adapter à leur mode de fonctionnement, lié à cette abondance de nourriture. En trente cinq années de pêche à la mouche, je n’avais encore jamais vu cela! Chaque chevesne avalait les fourmis après deux ou trois bouchées prises dans un espace grand comme deux boîtes à mouches puis redescendait pour rejouer le même scénario quinze mètres plus loin! Globalement, pour réussir à en leurrer un, il fallait:
–Être réactif: C’est à dire, avoir la soie déjà en l’air car, matériellement, je n’avais pas le temps, de voir le gobage, d’arracher et de poser entre leur deuxième et troisième bouchée!
–Être précis: Poser la fourmi devant le nez du poisson: Je dis bien « devant le nez ». Pas à 5 cm à côté ou derrière … Non! De face et à 5cm maximum dans l’axe de la dernière bouchée! (Frustration n°5) Sur une heure de pêche, j’ai réussi à quatre reprises le challenge et piqué à chaque fois un beau chevesne bien surpris du gravier dans les lentilles!
Ce que je vais retenir de cette journée: Une petite dizaine de truites leurrées sur 12 heures de pêche … ce n’est pas un modèle de rentabilité. C’est certain. Mais moi, j’aime bien lorsque c’est difficile! Et surtout, aujourd’hui, ce sont les « blancs qui m’ont donné une leçon et par la même, fait progresser.
Nb: J’attendrai qu’il fasse un peu plus froid en Haute-Loire pour tenter une deuxième sortie!