Je fabrique une mouche, lorsqu’elle répond à un besoin et non pas à une envie. Une fois le modèle repéré, je l’observe, le manipule et je le prends en photos sous toutes ses coutures. Après m’être documenté, je profite des moments de calme (bien souvent la nuit!) pour imaginer une utilisation des matériaux existants, pour projeter un volume, un niveau de flottaison, un profil, une texture, des couleurs, des reflets et chasser le superflu. J’ essaie ensuite d’établir un petit » process » technique de fabrication de la mouche: Où débuter avec le fil de montage? A quel moment fixer les matériaux choisis, de quelle manière et suivant quel ordre? Compter les nombres de tours, les clefs, les « 8 », mesurer les cerques, les ailes, les pattes… afin que le travail de montage puisse être répété sans déformation. A l’image d’un cuisinier, j’écris la recette et la garde sous le coude jusqu’au moment où, « Eurêka » … Après avoir apporté les nuances imaginées, je monte quelques modèles que je glisse dans ma boîte à essais au fond de mon gilet pour la prochaine séance de pêche. Au bord de l’eau, je me sens comme un vigneron injectant à la seringue son nectar dans un verre ballon pour le goûter, et je pêche et repêche pour imaginer la suite à donner à ma tâche…