La juste mouche…

Bien sûr, on a beau avoir la bonne mouche, il faut savoir approcher et présenter le modèle choisi avec discrétion et délicatesse sous peine de se le voir refuser… Mais on a beau bien présenter, bien faire dériver et bien approcher, si l’on n’a pas la juste mouche on peut aussi passer à côté.

« Faut pas les prendre pour des lapins de six semaines non plus! »

Vous me direz aussi que certains ne pêchent qu’avec un seul modèle de mouche, ne jurent que par la grise à corps jaune,  le gammare parasité, le streamer noir, l’enclume en tungstène et se contentent de faire de beaux poissons…!

Alors non loin d’un pêcheur qui vous prend un poisson sous le nez, n’avez-vous pas été mort d’envie de vous transformer en mouche pour avoir un peu plus d’informations sur le modèle qu’il avait noué sur son bas de ligne… Qui ne s’est pas trouvé dans cette situation?

Même Brad PITT alias Paul MacLean, au cœur d’une scène magique du film culte « Et au milieu coule une rivière » vexé de voir son frère ainé Norman être plus performant, lui demande avec insistance avec quel modèle il pêche. Ce dernier, après l’avoir un peu chambré lui donne enfin la référence… « une mouche « De plumes et d’acier » n°6! (bon … j’ai un peu modifié le texte pour l’occasion!)

Moi, je pense que la pêche à la mouche est une pêche d’exception parce qu’elle est justement plurielle. Serait-ce mon passé d’athlète ‘Décathlonien » qui me colle à la peau et qui me pousse à pratiquer la pêche à la mouche comme une suite d’épreuves combinées … Allez savoir?

En tout cas, je ne conçois pas cette pêche comme une seule et unique méthode applicable à n’importe quelle situation avec insistance et rendue, « in fine », rébarbative.

J’aime user de plusieurs techniques, avec plus ou moins de succès, pour tenter de me fondre dans le processus alimentaire naturel. Qui dit techniques variées, dit « boîtes à mouches » garnies!

Pour exhausser mon vœu, je dois être capable dans la mesure du possible, de lui fournir une bouchée proche de celle qu’il est en train de manger. Me glisser dans la peau du condamné potentiel en quelque sorte!

Mouche peche "De plumes et d'acier"La juste mouche

La nature est si abondante que l’on ne peut pas trimballer une remorque de modèles. Certes il faut bien faire des choix!

C’est encore notre capacité d’observateur et la fréquence de ces observations qui vont nous y aider. Elles permettront d’approcher la taille, le profil, la teinte et le niveau de flottaison de la proie.  C’est cela qui est passionnant et qui fait l’intérêt de notre pratique. Pour moi ce n’est pas le but qui est important mais le chemin pour y arriver. Le choix de la mouche fait partie intégrale de ce chemin.

Et je peux vous assurer que lorsque le poisson prend, sans être inquiété, le modèle que l’on a choisi après déduction et réflexions, le ferrage est d’une grande jouissance et l’acte de pêche d’une grande satisfaction!

Observation de ce qui dérive sur l’onde et de ce qui vole au dessus. Observation de l’état des larves sous les cailloux: Taille et présence de certaines espèce, aspect. Observation des supports avoisinants: feuilles (surtout dessous), les troncs, les branches, les murs, les constructions, les toiles d’araignées … magnifiques pièges à insectes qui nous informent sur ce qui a éclos la nuit précédente et qui risque encore de dériver … peut-être sous forme de spent.

Observation de ce qui saute sous nos pas lorsque l’on foule les herbes des prés le long des berges et qui risque aussi de se retrouver dans l’eau. Observation des sous-bois et de la présence de fourmilières éventuelles, observation des clairières et de la présence de ruches. Lorsque ces éléments sont présents, la statistique de retrouver ses insectes sur l’eau s’accroît fortement.

Observation, observation et encore … observation! Les bons pêcheurs ne sont pas forcément équipés d’un sixième sens, ni même du nébuleux et occulte sens de l’eau, je dirai qu’ils font juste preuve de bon sens et d’un pouvoir d’observation accru.

Il est vrai que cet atout se développe, s’éduque, bien que ce ne soit pas vraiment au sein de nos sociétés tournées vers les écrans que l’on apprenne cela… Tant mieux pour les poissons!

Attention, à force de regarder on finirait même par voir!  Voir des animaux sauvages, des champignons, des fleurs peu communes, des arbres remarquables. Et c’est encore l’émerveillement qui sera à la base de la sensibilisation, de la compréhension et de la bonne prise de décision. L’émerveillement à la base du juste choix de la mouche! L’émerveillement à la base de la méditation de pleine conscience …

L’émerveillement pour sensibiliser l’esprit et l’esprit toujours plus fort que la fin!

Bon allez, assez phosphoré, je retourne monter des parachutes « Centroptilum » pour que vous puissiez avoir le modèle approchant pour la saison prochaine!

 

 

 

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