Coincé par une opération du dos qui risque  fort de mettre un coup de frein dans mon planning « pêche » … il fallait que je profite d’une petite fenêtre météo et d’un niveau pêchable de la Dordogne pour aller taquiner les ombres de la « Belle ».

Quel département fantastique que celui de la Corrèze. Je ne le connais pas vraiment, mais en parcourant les routes un peu perdues, pour rejoindre les accès à la rivière au lever du jour, j’ai imaginé sans problème des contes et légendes sortis tout droit des eaux sombres  de ses cours d’eau ou la brume dans les vallées se mêle aux forêts de Châtaigniers et je me suis attendu à tout moment à croiser un druide  en pleine cueillette de plantes sauvages!

Les loueurs de canoés ayant à cette époque plié leur petit business, seul le bruit de l’eau tient compagnie au pêcheur. Quelques coups de fusils retentissent, ça et là, sur les pentes abruptes des bois tapissant les versants de cette belle vallée. C’est l’époque.

Entré délicatement dans le lit de la rivière, j’ai équipé ma ligne de trois mouches noyées pour les faire dériver consciencieusement dans les différentes veines d’un long tronçon. Les premiers éphémères sont sortis de l’eau assez tôt, dès 9h. Taille réduite (équivalente à une taille 18 ou 20 d’hameçon). Pas de gobages en vue sur la surface très frisée et agitée à cet endroit de la rivière.

Pas de prise non plus. Pourtant en insistant et en procédant avec méthode, je n’ai pas eu de tirée significative. Juste un toc que je ne peux pas attribuer, sans doute, à un poisson. Le débit de 80m3 était peut être un peu élevé pour mon train de mouches. Malgré une noyée lièvre lestée en pointe, mes mouches ont dérivé peut-être un peu trop sous la surface et les ombres étaient peut-être calés trop profond? Malgré des « mending » systématiques, je pense que la profondeur d’eau était trop importante pour que mes mouches soient assez « pêchantes ».

Lorsque l’on pratique une rivière une fois dans l’année … le temps matériel d’adaptation est trop long et redresser le tir demande du recul et donc du temps, surtout pour un pêcheur comme moi qui se méfie des certitudes!

Les sorties d’eau des insectes se sont fait de plus en plus nombreuses et il a été temps de troquer la canne pour un équipement adapté à la pêche en sèche.

Cette rivière est une grande fournisseuse d’insectes en tout genre! Je crois que j’ai vu autant d’éphémères cette journée que sur toute  la saison déjà écoulée!

J’ai pu leurrer une grande quantité de truites de taille modeste. Il y en avait dans chaque veine d’eau. Elles ont ici une robe cuivre fumé absolument splendide tachée de gros points noirs avec parfois du bordeaux.

Si j’étais venu taquiner les ombres, bien entendu, ce sont encore eux qui m’ont fait des misères! J’en ai raté une bonne dizaine et décroché deux ou trois toujours de la même manière. Vous savez lorsque le courant gonfle le ventre de la soie et que vous ne pouvez plus agir sans risquer de faire patiner votre mouche. C’est précisément lorsque vous arrivez en fin de course, que votre canne est la plus éloignée du corps, au bout de votre bras tendu comme une trique  … que ces coquins choisissent de s’emparer de votre petite émergente!

Évidemment avec la soie qui dessine une grande banane … le ferrage est toujours aléatoire et l’hameçon jamais bien fiché! Quelques contorsions et l’affaire est faite! Dans ce cas là, les ardillons rendent bien des services mais je préfère ne pas les abimer et les voir repartir sans avoir fait leur connaissance que de leur laisser une marque indélébile de notre rencontre!

 

Côté mouche, j’ai mis un sacré bout de temps à comprendre ou plutôt trouver la mouche qui faisait le job! On peut dire que je l’ai trouvé lorsque les insectes stoppaient leur éclosion!!!

Je sais … Zéro talent mais 100% patience!

Hier, c’était une Charnoz Olive … les autres, ce n’était pas la peine!

Si j’avais pu rester quelques jours, j’aurais peut être pu finir par en saisir quelques uns mais ce qui est certain, c’est que je n’attendrai pas la fin de saison pour venir pêcher à nouveau sur la « Belle ». Si Dieu le veut!

Nb: J’attends avec une grande impatience la fin de cette année et la sortie du film de Matthias PARRE, organisateur de la fête de la pêche à la mouche d’Argentat et qui, avec « Dordogne: les 4 saisons de la pêche à la mouche » risque de me faire passer un bon hiver! Allez voir le teaser ici …