Arrivé au bureau à 10h … pardon au bord de l’eau …! Je me suis apprêté à vivre une journée habituelle de travail: Montage, essais, montage…essais et à 10h15, j’ai localisé une petite de 40 cm environ qui était en plein petit-déjeuner. C’était le moment idéal pour lui présenter un gammare léger qui n’est pas encore au catalogue …La belle est venue le prendre sans être inquiétée et m’a gratifié d’un joli combat. « Ça, c’est fait! »
Puis la fin de matinée fut plus compliquée en terme de recherche de truites…
Pas de gobage. Après avoir scruté chaque zone de la rivière sur un demi-kilomètre, et sans avoir réussi à discerner une robe à rayures parmi les poissons blancs qui sont en nombre à cet endroit, je suis tombé sur un étranglement entre deux très gros blocs. Sur la fin du courant qu’ils créaient, tel un bel entonnoir, j’ai pu distinguer quelques menus gobages. Je me suis fait un plaisir de les tenter avec une imitation de « Muticus » Ref 1006 qui paraissait bien, en taille et coloris, par rapport aux quelques éphémères qui sortaient de l’eau et se faisaient happer très délicatement. Il fallait s’en douter, c’était un beau poste à ombres et je les ai donc dérangés quelques instants avant de reprendre ma route et les laisser en paix. Moi, je ne me lasse pas de contempler ce salmonidé absolument splendide.
Un petit coup de voiture pour changer de spot et reprendre ma quête du « Graal » en nymphe à vue. Les eaux sont exceptionnellement basses et je peux distinguer le fond des fosses qu’habituellement je ne réussis pas à scruter. Après avoir fait fuir une « cinquante », par manque de discrétion, je me flagelle virtuellement le cerveau en bougonnant à voix haute (heureusement que les berges sont désertes ce jeudi après midi …) et continue ma route en me fondant le plus possible dans les saules rivulaires. Une belle forme bleue éclatante navigue en louvoyant dans une veine d’eau assez profonde. Je lance bien en amont à plusieurs reprises pour trouver la bonne dérive et mon imitation de larve plate, à l’essai actuellement, ne le fait pas bouger d’un « iota ». Encore une tentative et encore un « vent »!
Pourtant le bel étendard se décale encore une fois sous mes yeux et intercepte en remontant un peu une larve qui cherchait la surface. Au même instant, alors que je cherchais des yeux un indice pour m’aider à identifier l’insecte qui intéressait mon Thymallus, un joli trichoptère marron très clair est sorti presque dans mes bottes! Un don du ciel … un petit coup de pouce de St Pierre …?
« Mais oui, c’est bien sûr »: Des larves de Trichoptères lançaient leurs tentatives d’ultime transformation vers le miroir et seuls ces insectes captaient l’attention de mon adversaire. Dans cette analyse et cette approche du problème, l’essentiel du travail venait d’être accompli: Une larve velue Ref 4030 est nouée à ma pointe et le premier passage est décisif. L’ombre a laissé passer la larve et est venu la chiper en la rattrapant! Super … c’est chouette la nymphe à vue.
Resté immobile sur la bordure, suite à cette prise, sans être particulièrement à couvert, j’aperçois soudain (dans le rétroviseur!) qu’une « soixante » remonte la bordure et va me passer à proximité… Le cœur battant un peu la chamade, je reste « zen « et décide de ne pas agir. La truite se décale un peu pour regagner le milieu de la rivière. Mais je la vois encore et prends la décision de la suivre avec le plus de discrétion possible dans les blocs.
Bien m’en a pris car la grosse « totoche » stoppe sa route 50m plus en amont et se poste en quête de nourriture. Ayant noué précédemment mon prototype de larve plate, je pense que l’occasion est trop bonne et que je ne peux pas manquer cette opportunité. Malgré un premier lancer douteux et une dérive à 1,50m du sujet … la truite laisse passer l’imitation et au moment même ou je vais reprendre la soie pour tenter d’être meilleur dans un prochain essai, la truite se laisse dériver en rétro, se retourne et part chasser ma nymphe! Elle se retrouve face à moi et va me faire un « tuto » du « comment ferrer à vue » … 1/J’ouvre la gueule lentement 2/ Je la referme 3/C’est bon … tu peux ferrer!
Comme dans les livres! Ferrage retardé et déjà la belle « Méditerranéenne » se tortille et part retrouver sa cache … 200m plus bas!
Je saute de bloc en bloc, manque de glisser à plusieurs reprises et suis la truite qui cherche , par de grands coups de tête à se défaire de l’intruse piquée dans sa gueule. Cette descente de la rivière va rester gravée dans ma mémoire et venir alimenter mon « Rêve de la pêche »… C’est sûr. A un moment je me suis pris pour Brad Pitt dans « Et au milieu coule une rivière »… Robert Redford peut me contacter sur mon site, je suis disponible en ce moment!
Au terme de cette « dévalaison guidée », je réussis, avec de la chance, après avoir évité quelques branches immergées à l’amener dans un petit endroit calme et l’épuise en poussant un « yes » de satisfaction.
Voilà qui met fin à un mauvais début de saison et qui récompense les efforts engagés à chaque sortie. Parfois de beaux poissons se font leurrer après avoir usé du lancer arbalète mais ne me laissent pas entière satisfaction, comme un goût d’inachevé … Là, je suis satisfait de la manière et quand le but et le chemin sont réunis … je crois qu’on peut parler de « bonheur ». Non?