J’avais décidé d’aller faire la pré-fermeture de l’ombre sur la Dordogne mais sur 1 jour et demi seulement! Les 3 heures et demie de transport nécessaires pour me télécharger sur les bords de « La belle » sont une agréable formalité à cette époque. La portion entre Ussel et Neuvic est un feu d’artifice de « Dame Nature » et l’automne en est le bouquet!

Que de dégradés de rouille, d’orange, de roux, de rouge, de jaune … C’est somptueux! Chaque arbre est une sculpture et l’envie de garder les yeux dessus est grand …mais il faut aussi regarder la route.

Je n’aime pas vraiment les autoroutes … mais là, le ruban noir m’aura permis de contempler un magnifique « Balbuzard Fluviatile » sur un arbre perché, avec le poitrail en bataille, blanc éclatant, ainsi qu’ une biche vautrée sur le talus, peu dérangée par la faible circulation du jour, dont  le soleil faisait briller le contour du dos et  des oreilles encore perlés de rosée …un vrai « Walt Disney »! Bon, à 40€ la séance de cinéma …cela fait un peu chère!

Arrivé à Argentat et heureux de constater que le niveau était correct, j’ai décidé de remonter la rive droite jusqu’au parcours de « graciation ». En accédant à la bordure, de gros « Trichoptères » au coloris cannelle décollaient lourdement  des feuilles d’orties à chacun de mes pas. Cette partie de la rivière, de faible profondeur, est tapissée de plantes aquatiques et j’espérais que quelques pilotes malhabiles finiraient par tomber à l’eau.

Mais pas un gobage en vue sur la fin d’après midi! Juste un ombre raté dans une veine de courant compliquée et qui m’a obligé à laisser un peu trop de mou dans la soie … trop tard! Il y a tout de même laissé une écaille … mais aura évité le fer de justesse, tel le Matador dans l’arène! Olé …

L’avantage de pêcher en automne, c’est que c’est magnifique. Mais l’inconvénient, c’est que c’est court! 17h30: Extinction des feux.

Le lendemain matin, le vent avait cessé mais les averses étaient au rendez vous! Même pas mal … 7h30 dans les « waders » sur le pont de Monceau pour une petite photo et 7h33 sous le pont après avoir englouti une pomme!  Un banc d’ombres joueurs laissaient quelques ronds éphémères à la surface de l’eau pour mon plus grand bonheur. Un premier joli raté sur une petite émergente de chiro noire taille 22 (3011) et un  bel ombre décroché dans les renoncules … Restons « zen ».

Forcément comme les gobages étaient rassemblés sur 4m2 …  et que j’avais déjà fait assez de mal dans un si petit espace:  30 minutes plus tard, il n’y avait plus aucun rond en vue: Ce qui, vous l’avouerez, laisse assez peu de temps pour  se refaire une santé!

En descendant progressivement vers le radier, j’ai pris une truite à la robe magnifique, mais dont la taille ne méritait pas de figurer dans le journal! Quelques « ombrets » moqueurs se sont raillés de moi en gobant, sur des oreilles de lièvre taille 18, de manière supersonique, à faire pâlir « Lucky Luc » en personne . Tellement « addict » de ce type de pêche, je n’ai même pas remarqué les averses prolongées … « Tiens ma veste est mouillée … »

Puisque c’est ainsi, j’ai décidé d’aller me venger sur un banc de Vandoises en amont du pont et qui me narguaient depuis un bon moment.

J’aime bien pêcher cette espèce grégaire. Elles me ramènent toujours 35 ans en arrière lorsque j’ai débuté la pêche au fouet. Elles ont été mes premières copines de jeu … mes « sœurs d’arme ». Poisson gobeur, délicat, petite bouche vers le bas, auteur de jolis marsouinages : Un bon substitut de l’ombre!

Comme personne ne les pêche pour leur valeur gastronomique … c’est peut-être un poisson d’avenir pour nos petits enfants!!

En tous cas je me suis bien amusé à les pêcher avec une émergente de Trichoptère,  en ferrant aux remous de leur dos dans les parages de l’artificielle. Cette pêche de timing m’ensorcelle!

Bon. Il faut toujours faire contre mauvaise fortune … bon cœur! Pêcher la Dordogne est passionnant … Mais il faut du temps pour comprendre un nouveau cours d’eau. « La belle » ne m’a pas  livré ses secrets.

Si l’on peut  s’enquérir du niveau d’eau de la rivière avant de partir, on peut difficilement connaître, à l’avance, le niveau d’appétence de nos amis!

Mais la saison prochaine, je reviendrai pour essayer d’être au bon endroit … au bon moment.