J’étais venu chercher sur les terres Bretonnes, la lumière, si particulière à cette région et que j’aime tant.
Les bleus, les roses des peintures et des végétaux contrastant avec les sombres granits coiffés de fucus vésiculeux ambre-jaune sont toujours saisissants.
Mais j’aime par dessus tout, les ciels chargés, les éclairages fugaces qui couvrent d’argent une partie de l’océan, les nuages lourds et anthracites qui poussés par le vent du nord donnent à ces paysages parfois lunaires des airs d’île noire d’un certain Monsieur HERGE …
Pas étonnant que cette « Armorique » ait attiré une flopée de peintres et de photographes…
J’étais venu également en Bretagne pour faire voler mes mouches, côté salé, pour y parfaire ma technique et comprendre encore un peu mieux le milieu dans lequel je voulais les faire évoluer.
Et les possibilités de pêche sont tellement nombreuses qu’il est impossible de ne pas y perdre son latin!
Les postes sont si différents les uns des autres, qu’il est difficile d’y tirer son épingle du jeu sans les pratiquer à longueur d’année…en étant résident!
Ce qui marque également, après avoir touché du doigt la pêche à la mouche en mer, c’est le caractère réellement éphémère de chaque occasion: Ici, plus qu’ailleurs, elle ne se représentera plus jamais!
J’avais ciblé mon action sur le roi des lieux…. bien entendu, le Bar.
Je voulais essayer de le traquer à vue. Mais ce type de pêche est rapidement rendu complexe par le jeu des éléments naturels…le vent, la lumière, les coefficients de marées et enfin la présence ou non de poissons à ce moment précis!
Sur un séjour, même assez long, les opportunités de pouvoir présenter un crabe à un poisson repéré sont infimes!
Pour les deux seuls poissons d’un quarantaine de centimètres repérés, je n’ai matériellement pas eu le temps de le leur présenter.
Ce type de pêche est certes beau, mais reste réservé aux locaux et initiés…
Lors de ces essais et recherches de postes j’avais repéré un lieu sympathique, qui me permettait de pratiquer à vue dans les fucus après avoir tenté ma chance trois bonnes heures au cœur de grands parcs à huitres et observé le vol en escadrilles des grands gravelots juste au dessus des tables métalliques…
La pêche au streamer, de manière un peu aléatoire au sein des allées du parc, m’a permis de toucher de nombreux poissons. Des bars très clairs, invisibles sur fond de sable. Certes ces poissons étaient de tailles modestes (une trentaine de centimètres) mais leur pêche, cache-cache passionnant au milieu des tables ostréicoles, a été très ludique.
Ces poissons ont une défense tenace et lourde pour leurs petites tailles… et j’ose imaginer le souvenir que doit laisser un combat avec un sujet de 2 ou 3kg…!
Par contre leur pêche en estuaire ne m’a pas emballé…Des eaux souvent chargées, de la boue un peu partout et aucun signe de la présence de bars parmi les cohortes de mulets aux tailles parfois impressionnantes. J’ai juste pris beaucoup de plaisir à assister au nourrissage de deux jeunes sternes par leur père ou mère. Voir comment le parent plonge et capture toutes les deux ou trois tentatives un petit poisson et l’amène dans le bec des plus jeunes barbotant sur les flots de l’estuaire avec le même cri annonciateur et la même routine d’approche était un spectacle saisissant.
Enfin j’ai testé la pêche à la mouche en pointes de roches…
Dans le ressac, cette pêche est dangereuse mais pleine de surprises…
Il faut trouver une avancée propice avec peu de profondeur et cette recherche n’est déjà pas franchement simple. Le poste que j’avais trouvé était chargé en laminaires et j’ai pu y prendre deux ou trois poissons mais encore de petites tailles. J’ai eu la chance d’assister à une belle chasse un tout petit peu trop éloignée du bord, comme c’est en général le cas… et rater un poisson ayant attaqué mon streamer flottant en périphérie de cette curée…Dommage. La réactivité est ici de mise mais du bord sur les roches glissantes…ce n’est pas vraiment simple!!
Ces postes sont hyper dépaysants et j’y ai passé de longs moments à observer les phoques et les dauphins qui m’ont fait l’honneur de me permettre de venir chasser sur leurs terres…
La Bretagne est magique. La marche sur ses sentiers côtiers au milieu des Callunes en fleurs et des Cristes marines est un ravissement pour les yeux. Le catalogue des mouches « De plumes et d’acier » comprendra bientôt quelques modèles inox et il vous appartiendra de les tester sur les milliers de kilomètres de côtes de France ou d’ailleurs…
Bonus photos tous azimuts… A suivre ci dessous: