A force de ne pas pouvoir pêcher et lassé d’attendre la baisse des niveaux de nos chères rivières, j’ai été tenté de sévir en terres Avignonnaises et de pratiquer les Sorgues. Magnifique résurgence qui déboule des entrailles calcaires de Fontaine de Vaucluse et qui s’écoule, telle la confiture sur une tartine, en plusieurs ramifications dans la plaine de l’Isle sur la Sorgue.
Difficile de se retrouver parmi ces bras et ces canaux lorsque l’on est pas du cru!
Les terrains privés y rendent les accès assez difficiles.
Mais sur cette partie de France sacrément arrosée par le soleil, il est facile de comprendre que les hommes ont cherché à occuper au plus juste, l’espace de fraîcheur que représente le passage d’une eau à température et débit constants (environ 13 degrés).
Cette constante est un atout considérable pour les populations de salmonidés présentes sur le secteur: une belle souche de truites méditerranéennes et des ombres communs flamboyants.
Le fond des Sorgues est tapissé d’une végétation aquatique de toute beauté et les insectes trouvent ici un habitat à leur convenance. Les gammares, les trichoptères, les éphémères sont représentés en bonne quantité et diversité.
Il est très plaisant de voir évoluer truites, ombres, vairons, blageons au milieu du chevelu rouille et vert et de les pêcher à vue.
Néanmoins, la pêche y est assez difficile. Vous comprenez bien qu’un tel « oasis » attire de près et de loin le genre humain, pêcheurs ou non pour profiter des joies liées à l’élément aqueux!
Je n’avais donc pas vraiment fait le bon choix de calendrier! Fin juin est incontestablement à proscrire pour un amateur de tranquillité comme je le suis!
Les cohortes de canoës, les escadrons de plongeurs-baigneurs, une chaleur accablante (20 degrés de delta entre l’air et l’eau!), la proximité de la fête de la musique et des refrains qui restent apparemment gravés dans la mémoire de certains ne permettent pas une pêche sereine!
J’ai pourtant tenté d’attaquer au lever du jour mais l’éclairage suffisant pour localiser les poissons coïncide avec l’arrivée des premières embarcations. Au moment même ou je pouvais commencer à attaquer quelques jolies farios, j’ai entendu les premiers coups de pagaies et les hurlements qui vont avec… « Vite, il faut en tenter une avant que les coques ne lui glissent dessus… » me suis dis-je!
Est-ce le concours de circonstances ou bien une certaine fébrilité dans le ferrage en sachant que le premier poisson tenté serait vraisemblablement le dernier… la belle convoitée ouvre un large bec et enfourne ma petite nymphe en coton…ferrage un peu limite et joli décroché après que la victime ait secoué 3 ou 4 fois la tête!
C’est encore sous le coup de l’émotion et de la déception que le premier bateau passe sous mon nez en me lançant un amical et innocent « Ça mord… M’sieur? »
Bon, St-Pierre, le patron des pêcheurs, me nargue et teste mes nerfs depuis le début de saison! Il me mets à l’épreuve…mais il ne connaît pas le fond de mes ressources…Patience et il verra!!!
NB; Je trouve que les quelques 190 kms de linéaires « Sorgues » devraient permettre une pêche de grande qualité dans cette région. Les politiques en place et les responsables des associations des différents usagers devraient trouver un consensus pour faire cohabiter les amateurs d’eaux en tous genres et développer ainsi l’économie liée à l’ensemble des activités. J’imagine des bras de Sorgues réservés au canotage, d’autres consacrés à la pêche… J’imagine les nombreux tronçons urbains en réserve et nurserie, les parcours No-kill un peu plus entretenus qu’ils ne le sont et gardés non pas par des moutons mais par des hommes! Du travail, donc des aménagements, de la qualité donc du succès, donc de l’argent donc du contrôle…
« I have a dream!!! »