« Les gribouilles » est une rubrique dans laquelle je m’amuse à broder, de retour de pêche, sur une idée, une anecdote, une image, en tentant de l’agrémenter d’un petit dessin aux feutres …comme à l’école maternelle!
S’il est un moment magique dans la journée du « moucheur », c’est le quart d’heure qui précède l’extinction des feux. Entre chien et loup …!
D’abord, il y a l’excitation liée au fait que tout va devoir s’arrêter bientôt et donc que chaque seconde lui est comptée. Il doit pêcher un peu comme s’il devait mourir demain …
Et puis c’est le quart d’heure durant lequel il se transforme …
La pleine lumière qui lui conférait tout à l’heure son statut de leader de la chaîne alimentaire lui fait défaut peu à peu. Perdant de l’assurance, il devient l’être qui écoute. Les bruissements de feuilles et les grincements des troncs que le vent agite, donnent au décor une toute autre ambiance.
Les gobages, il y a peu, discrets et passant presque inaperçus, sont tout à coup bruyants voir même un peu sauvages! Alors hors de portée de soie, ils se rapprochent dès lors de manière quelque peu inquiétante.
Frollé de toute part par d’incessants va et vient, tombé sous le feu des radars, l’artiste ne voyant plus sa mouche … abandonne. Les acrobates ont pris le contrôle de la situation.
Mais les eaux qui le cernent s’assombrissent soudain … le fond n’est plus le même, la moindre pierre sous la chaussure est une entrave insoupçonnée. La rivière, tout à l’heure si sage, semble se déchaîner.
Regagner l’autre rive paraît inaccessible. Plus rien n’est à sa place. Il lui faudra tâter, palper, sentir, imaginer, déployer le mouvement à petite vitesse, faire fie des mauvaises pensées, se concentrer sur l’acte …