Bien décidé à en découdre avec les grosses mémères qui ne sortent que tard le soir, j’avais organisé, inopinément, un déplacement cette semaine. Le très faible débit lié au manque de précipitation et à la chaleur rude de ces derniers temps m’a autorisé à me poster,  là où d’habitude,  la hauteur de l’eau ne me le permet pas. En attendant le fameux coup du soir, je me suis amusé sur des gobages d’ombres en plein soleil. Ils ont  successivement bien pris la 1008,  le spent d’ignita rouille 3000 et une imitation d’éphémère émergeant qui n’est pas encore référencée. Quelques-uns ont bien voulu se décaler également sur une nymphe coton très légère 4040, mais ceux que j’ai pu rencontrer n’étaient pas très gros. Ce n’est pas grave, il est souvent bien utile de s’entraîner sur des jouvencelles et jouvenceaux avant de leurrer des poissons plus méfiants.

Chemin faisant, j’ai vu une belle 45 qui commençait à tourner rageusement autour d’un  banc de vairons. Juste le temps d’équiper le bas de ligne et je l’ai attendue … mais elle n’est jamais revenue… Je me suis pourtant déguisé en Renouée du Japon pendant un sacré moment.

Le soleil commençait à décroître et les ombres continuaient leur manège en se riant de moi et de mes ferrages hasardeux! Disons que j’en ai plus raté que pris, comme d’habitude: le compte est débiteur comme disait Fabrice MONNEL dans l’édito d’un ancien numéro de « Pêche Mouche »…! Et moi, je frôle même l’interdit bancaire. Il faut dire que, pour ma défense, je pêche avec une soie TT très usée dont la pointe a une fâcheuse tendance à ne plus trop glisser sur l’eau. Alors forcément, c’est un peu comme si l’on avait accroché un élastique au pistolet de Lucky-luke … avec les ombres cela ne pardonne pas! Promis, je vais investir.

Comme à chaque coup du soir, l’espoir de voir la rivière bouillonner de gobages est resté latent. Mais la lumière a diminué et les deux ou trois « gloups » de truites intouchables sous les branches n’ont pas été suivi d’échos!

Tant pis, l’éternité tant attendue n’est pas venue, il faudra revenir et garder espoir. Le plaisir, tout de même, d’être au milieu de l’eau …certes fraîche … lorsque les waders donnent, eux aussi des signes de fatigue … a été toujours aussi grand. J’ai fini la soirée avec les chauves-souris et en compagnie du Castor du quartier  ramenant une grosse branche de Renouée du Japon  à la niche (toujours un peu effrayant lorsqu’il passe à côté de vous dans le noir presque total, glissant sans faire de bruit avec la branche de 2 mètres tractée à moitié immergée … façon « Les dents de la mer 5″!

En attendant le « coup » du soir et juste avant, le désespoir!

Un des ombres « portion »… qui porte bien les couleurs!

Vue subaquatique du « spent » de la mouche de Mai et aussi du paysage … la discrétion doit être de mise, sans commentaire!