Les gribouilles « De plumes et d’acier » Le Cormoran

« Les gribouilles » est une rubrique dans laquelle je m’amuse à broder, de retour de pêche ou de balade, sur une idée, une anecdote, une image, en tentant de l’agrémenter d’un petit dessin aux feutres …comme à l’école maternelle!

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A cette époque de l’année, l’oiseau noir se met en place pour passer l’hiver sur sa zone de nidification , proche de sa source principale de nourriture bien entendu. Attention, là où ils passent… les poissons trépassent!

Mouche peche "de plumes et d'acier" Cormoran 1

Alors que les bénévoles des associations agrées de pêche et de protection des milieux aquatiques se sont battus toute la haute saison pour maintenir un habitat propice au développement de leurs protégés, voilà que cet envahisseur risque de nicher  sur leurs secteurs et réduire leurs efforts à néant!

Le grand Cormoran est un bel oiseau au plumage noir mordoré avec parfois quelques tâches blanches. Il fait partie d’une des huit familles de Pélécaniformes (Pélicans et apparentés). Extrêmement doué pour la natation et surtout pour la plongée avec ses fortes pattes palmées, il possède un bec recourbé dans lequel je n’aimerais pas placer mes doigts! Pêcheur d’exception, il est un oiseau grégaire qui niche le plus souvent au sein de dortoirs collectifs. Il est généralement fidèle à son lieu de ponte.

Doté d’une plume peu hydrophobe, mais souvent dans l’eau, il est obligé de faire sécher ses ailes au soleil en les écartant  de manière caractéristique.

D’après ce que j’ai pu glaner comme informations, il peut vivre un peu plus de 20 ans. Il consomme entre 300 et 400 g de poisson quotidiennement en moyenne.

Dans les années 2000 sa population a doublé en l’espace de 7 ans: De 3 000 couples elle est passée à 6 000 couples. Aujourd’hui, je crois que l’on recense près de 100 000 individus hivernant sur le territoire Français! Notre territoire, au cœur des migrations est devenu le pays le plus accueillant pour l’hivernage de l’espèce.

Cette expansion démographique sur une si courte période pose des problèmes de coexistence. La liberté des uns commence là ou se termine celle des autres!

Cette dynamique que nous avons accélérée est bien évidemment liée aux évolutions climatiques.

La Nature est en perpétuel mouvement. Les espèces qui peuvent se déplacer cherchent les conditions les plus adaptées à leur survie, les autres disparaissent.  Il semblerait que plus il fait chaud et plus la période de nidification est longue! La sédentarisation des individus semble en effet liée au réchauffement climatique, à l’eutrophisation généralisée des masses d’eau et donc à l’explosion des masses de cyprinidés (Poissons blancs pour faire simple!). Le problème est que les Cormorans ne font pas la distinction entre les espèces de poissons: Ce manque de discernement lui vaut la haine de certains d’entre nous.

Ce débat n’est pas sans rappeler celui du Loup et de l’Agneau … non, pas celui de Jean de la Fontaine, mais celui des éleveurs et du Loup!

Même si les études menées sur la relation qui existe entre les populations de poissons et celles présentes de Cormorans sur un même secteur sont très difficiles à interpréter car difficilement mesurables …  le simple bon sens aurait tendance à nous faire penser qu’une colonie de cormorans  comme celle sur la photo de  dessous, comportant un peu plus de cent individus, fait un dégât considérable sur la population piscicole avoisinante: 50 kg de poissons disparaissant quotidiennement!

Mais attention, il ne faut pas non plus , lui mettre sur les épaules la raréfaction de toutes les espèces halieutiques! Nos incohérences de gestion, notre politique d’aménagement et d’exploitation des rivières, notre agriculture déraisonné et déraisonnable sont autant de facteurs visant l’affaiblissement de nos richesses piscicoles. Il est vrai qu’il est plus facile et moins risqué de tirer sur un cormoran … que sur un responsable EDF ou politique!

Bien que ce soit un oiseau protégé, il est susceptible d’être régulé sur notre territoire. J’ai cru comprendre que trois moyens permettaient cette régulation: Le tir, l’empoisonnement ou le vol des œufs dans les nids. Cette régulation est accordée par le Préfet dans des cas particuliers de protection de piscicultures, de réserves, de certaines portions de rivières de 1ere catégorie.

Seule, la sous-espèce continentale, est susceptible d’être régulée. La variété « littorale », elle, est totalement protégée.

Alors j’ai pu lire beaucoup de commentaires concernant cet aménagement potentiel de la loi. Comme d’habitude les confrontations de ce type entre partisans et adversaires restent toujours stériles. Soit j’aime regarder les oiseaux et les prendre en photo et plus il y en a et plus je suis heureux. C’est en effet justifié! Soit j’élève des poissons pour les vendre et je vois une grande menace dans la présence de ces oiseaux en terme de pertes pures ou d’engagements financiers importants pour protéger ma récolte! C’est également tout à fait justifié!

Une fois qu’ils se sont jetés à la figure toute la rage du plus profond des intestins, que reste-t-il?

Je crois que la solution sage se trouve de fait, entre le « tout laisser faire » et le « tout contrôler » … comme d’habitude!

 

Aimant observer tout ce qui est à plumes, à poils, à écailles… je trouve que cette mesure de régulation est un bon compromis. Sans être un massacre comme certains défenseurs des oiseaux l’affirment, je crois que l’Homme doit réguler les populations des espèces qu’elles soient invasives ou pas. (Lorsqu’il le peut!) Dès lors qu’elles croissent de manière fulgurante, elles mettent en danger d’autres espèces. Même si nous n’avons pas toujours su le faire, et si nous avons détruit par intérêt économique des pans entiers de la faune et de la flore, je crois que nous avons, aujourd’hui, beaucoup d’outils pour mesurer et de connaissances pour prévenir. Nous devons trouver des solutions sages permettant de conserver l’équilibre dans lequel nous vivons … au moins à  l’échelle humaine de temps.

Pour ce qui est du plus long terme … je crains que Dame Nature ne nous demande pas notre avis. Elle fera ce qu’elle jugera bon de faire!

L’évolution démographique créant toujours un déséquilibre à l’ordre établi, il faut que les décisions politiques, là aussi, s’appuient sur les données scientifiques et les informations essentielles émanant du terrain pour que la régulation soit adaptée aux comptages des oiseaux et à l’évolution de la ressource alimentaire.

La détermination des quotas doit être un sacré casse tête… Une affaire de spécialistes!

Bien entendu, pour le naturaliste qui sommeille en nous, il est toujours difficile d’admettre qu’une espèce en menace une autre. Pourtant, le rôle de l’homme est ici primordiale. Après avoir placé des panneaux explicatifs sur un grand linéaire de rivière, il faut se rendre à l’évidence, les Cormorans ne savent pas lire!

 

mouche peche "De plumes et d'acier" Tableau 1

 Nb: Cliquez sur les images pour les voir en plus grand format…

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